mercredi 3 octobre 2012

Jim Sinclair : Le "quantitative easing" fontionne et va continuer de fonctionner...


Ou : pourquoi le "Quantitative Easing"sert avant tout à renflouer le système financier, et propulsera l'or au-delà de 3500$.

Traduit de :

 Chers amis,

Le "Quantitative Easing" fonctionne, et il continuera de fonctionner, si nous nous entendons bien sur ce que sont cet outil et son but. Tous ceux qui affirment, droits dans leurs bottes, que le Quantitative Easing ne fonctionne pas se trompent complètement et se ridiculisent aux yeux de ceux qui savent.

Le "Quantitative Easing" fonctionne parfaitement, mais l'économie et l'emploi ne sont pas le but principal de cet outil. Le but premier du Quantitative Easing est, jusqu'à présent, d'empêcher la faillite des institutions financières et des états. Ce sont des faits, pas des élucubrations.

En disant que tout cela va se produire, je n'émets pas une hypothèse. Je vous affirme qu'il n'existe pas d'outil autre que le Quantitative Easing à l'infini. Et avant même qu'on ait réalisé qu'il est bel et bien arrivé, il est déjà focalisé sur les états. Cela n'est pas ce que je pense, mais ce que je sais.

Ceux qui discutent, ou qui écrivent parmi nous où ailleurs que le Quantitative Easing est voué à l'échec montrent leur méconnaissance absolue des sciences monétaires. Le Quantitative Easing est fait pour marcher et continuera de marcher au fur et à mesure que de nouveaux objectifs seront fixés pour éviter les banqueroutes. L'impact du Quantitative Easing sera colossal mais ne ressemblera pas à ce que les prohètes en mal de sensationnel imaginent.

Il n'y a rien de sensationnel là-dedans, mais rien d'autre que le fait tout simple que un plus un font deux.

Bernanke a réussi à sauver le monde financier de la faillite. Maintenant, Bernanke et Draghi s'attaquent à le tâche de sauver les états de la faillite. Cela marchera et les fossoyeurs de l'euro en seront pour leurs frais. Cela fonctionnera et les adorateurs du dollar en seront également pour leurs frais.

Ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont été les bénéficiaires du Quantitative Easing, mais les banques et les institutions financières occidentales. Etudiez l'histoire ou revivez-là. Il m'apparaît maintenant clair que nous allons la revivre.

L'inflation par les coûts s'abattra sur l'ensemble des pays développés. Ce n'est pas une hypothèse, mais une certitude. Et c'est une forme d'hyperinflation.

L'or sera propulsé vers 3500$ et au delà. Le seuil actuel des 1775$ n'est en rien une résistance, il sera dépassé, nul doute là-dessus.

Jim Sinclair : "Quantitative Easing à l'infini" - La partie finale.

Ou : Pourquoi le "Quantitative Easing" ne vise qu'à renflouer le système financier, et tend vers la destruction du dollar par l'hyperinflation.

Traduit de :
http://www.jsmineset.com/2012/09/25/review-qe3-to-infinitythe-final-end-game/


Chers amis,

Voici une revue qui, j'espère, permettra de contrebalancer la niaiserie des mass-medias qui véhiculent l'idée que le Quantitative Easing ne sert à rien.

Les espoirs de ceux qui croient que la déflation peut écraser le « Quantative Easing à l'infini » ne sont que pure folie répandue par des crétins de stature internationale.

La fin de partie du "Quantitative Easing 3", un QE à l'infini (avec un mois de répit de-ci de-là) sonnera lorsque le bilan de la Réserve Fédérale ne sera plus viable et que l'effet terminal sur le dollar sera avéré.

Passons en revue ce qui s'est passé et ce qui va se passer à partir de maintenant :
  1. Les émetteurs et les distributeurs de produits dérivés OTC (« Other The Counter », c'est-à-dire hors marchés de bourse) ont vendu du papier frauduleux à quasiment tous les opérateurs clients du système financier occidental. Intrinsèquement, les émetteurs et les distributeurs tenaient un livre de leurs transactions sur ces produits. Il n'y avait pas de problème tant que cette arnaque des produits dérivés restait une chaîne en « guirlande », c'est-à-dire un ensemble de transactions connectées dont la somme totale était égale à zéro. Disons qu'en face d'un produit dérivé perdant on pouvait mettre un produit dérivé gagnant (exemple type : un « call » jouant la hausse d'une valeur, face à un « put » jouant la baisse de cette valeur...)
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Ajout du traducteur (définition des produits dérivés sur Wikipedia) : un produit dérivé ou contrat dérivé ou encore derivative product est un instrument financier (IFRS 39) :
  • dont la valeur fluctue en fonction de l'évolution du taux ou du prix d'un produit appelé sous-jacent ;
  • qui ne requiert aucun placement net initial ou peu significatif ;
  • dont le règlement s'effectue à une date future.
Il s'agit d'un contrat entre deux parties, un acheteur et un vendeur, qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d'un actif sous-jacent, réel ou théorique, généralement financier.
Les transactions sur les produits dérivés sont en forte croissance depuis le début des années 1980 et représentent désormais l'essentiel de l'activité des marchés financiers. En 2004, l'ISDA a relevé une croissance annuelle de 29 % pour les dérivés sur produits de taux d'intérêt et de 21 % pour les dérivés sur actions et indices d'actions. Fin juin 2011, la valeur notionnelle des contrats de dérivés de gré à gré (over the counter – OTC) en cours était de 708 000 milliards de dollars1. Fin du rappel.
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  1. Jusqu'à la faillite de la banque Lehman Brothers (en 2008), l'ensemble des produits dérivés auraient pu être ramenés à zéro dans une banque de « résurrection des dérivés ». Les perdants se seraient réjouis d'effacer leurs pertes, et les gagnants auraient été furieux de ne pas toucher leurs gains. Mais la faillite de la Lehman Brothers a cassé cette guirlande des produits dérivés (une chaîne où le risque net était nul). Au moment de la faillite, certaines positions affichaient des gains colossaux, d'autres des pertes colossales. C'était bien trop pour le système financier. Il n'y avait alors aucune solution pratique autre que de transférer les produits affichant des pertes vers la réserve Fédérale, qui présentait l'avantage qu'aucun audit extérieur d'évaluation à la valeur de marché (« mark to market ») ne serait effectué. C'était le trou parfait pour y envoyer toute cette camelote...
  2. D'après la Banque des Règlements Internationaux (Bank of International Settlements), qui tient l'inventaire officiel des produits dérivés, le montant de ces derniers portaient alors sur un encours global de 1140 trillions de dollars (oui, vous avez bien lu !!! Il s'agit donc de 1140 mille milliards, ou encore 1140.000 milliards, autrement dit environ mille fois le PIB de l'Espagne ….).
  3. La B.R.I., voyant ce nombre avec horreur, a alors changé sa méthode de calcul des prix à maturité en prenant l'hypothèse qu'il n'y aurait aucun défaut ce qui a permis de réduire le montant total de l'ensemble des produits dérivés de toutes sortes à 700 trillions, nombre qui semblait plus « acceptable ».
  4. Lors du QE1 et QE2, la réserve fédérale a acheté des produits dérivés OTC, incluant les fameux « Mortgage Back Securities » toxiques pour les retirer au maximum des bilans du système financier occidental. Les bilans s'en sont trouvés « assainis » et on a évité une faillite systémique de l'économie mondiale. Cela veut dire que la réserve fédérale a contaminé son propre bilan pour pour réparer les bilans du système bancaire. Le montant acheté était important mais est resté modeste en regard des 1000 trillions dont nous parlons plus haut.
  5. La raison du QE3 (décidé ce mois de septembre 2012 ...QE à l'infini....), c'est la récession mondiale dans le monde occidental qui empêche de réparer les bilans du système financier. La crise larvée réside dans la faiblesse dissimulée du système financier pour lequel l'organe de régulation comptable (le FASB) a autorisé, au niveau international, les institutions financières à cacher leurs pertes en évaluant tous ces produits toxiques de la façon qui leur convient, et surtout sans référence à une valeur de marché, en premier lieu parce qu'il n'y a pas de valeur de marché....
  6. La crise que la Fed ne voit pas, c'est la réalité de son propre bilan, qui contient des trillions d'actifs douteux, que personne ne sait évaluer. Des chiffres sont donnés, mais aucune valorisation de marché n'a été faite et ne sera faite.
  7. Au fur et à mesure que le QE3 à l'infini, la Fed continue d'acquérir des actifs douteux en échange de dollars frais. Ainsi, la « camelote » entre au bilan de la Fed, et même temps des dollars sont émis de façon exponentielle. (N.d.T. : la BCE se comporte de manière identique, quand elle rachète les dettes des pays d'Europe, Grèce, Espagne, … etc. contre des euros frais).
  8. Or la fin de la partie va sonner, car la récession s'étendra a priori jusqu'à 2015-2017, avec en même temps de l'impression des dollars, une dette fédérale qui augmente, et le bilan de la Fed continue de se détériorer.

Par conséquent la fin de la partie, c'est la prise de conscience de la faiblesse du prêteur en dernier ressort qu'est la Fed, prise de conscience qui impactera la confiance dans la dollar et fera monter les taux d'intérêts.

Dorénavant, je ferai des articles succincts sur l'impact d'une banque centrale en faillite, la Réserve F
édérale US. La fin de la partie pourrait arriver plus tôt, mais seulement si un audit du bilan de la Fed est effectué, ce qui reste très peu probable, quel que soit le président élu en Novembre.

N.d.T : Cette analyse est tout à fait transposable aux cas des autres banques centrales. Pour la zone euro, remplacez « Fed » par « BCE » et « produits dérivés » par « dettes souveraines ».









mercredi 30 mai 2012

Le Crash des Titans - Episode 10 (mercredi 30 mai 2012).


Episode précédent : A bord du Hindenburg, les gens en avaient assez de subir des trous d'air et s'inquiétaient de voir le dirigeable
toujours se rapprocher de la mer. Aussi ils avaient décidé de se débarrasser du commandant Sarkozy, se plaignant qu'il se foutait de la gueule du monde. A la place on avait mis un Robot de chez Sony : Le RobHolland, présenté par M. Yamamoto. RobHolland avait prononcé un discours qui avaient rassuré les passagers, et notamment un passage qui disait : "Vive l'hélium pour tous, élevons nous dans les hauteurs", qui était devenu une chanson. Cette chanson pouvait se chanter sur des airs très différents, comme "La Madelon", mais aussi "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux" et même "Tout va très bien madame la marquise".

Sur le Hindenburg, les docteurs Fitch et Moody avaient trop de travail. Outre qu'il fallait gérer le coma du quartier-maître Papandréou, lui prodiguer huit lavements et six saignées par jour, il y avait des nouveaux malades. Le capitan Rajoy était au plus mal. Depuis qu'il avait succédé à Zapatero, il était immédiatement tombé malade du debita systemicus (cf épisodes précédents).

- Capitaine Rajoy, comment allez-vous aujourd'hui ? ... ¿ Como está, hoy, Senor Rajoy ?
- La la la,  Yo no soy banquero, yo no soy banquero, soy capitán, soy capitán, soy capitán !.... La la la
- Comment vous sentez-vous ?
- Tout va bien, je vais bien , tout va bien, je vais bien ....
Fitch et Moody opinèrent du chef. Cela ressemblait bien à un délire typique du debita systemicus.

Pendant ce temps, les passagers avaient demandé des explications sur la situation, et comme ils faisaient de moins en moins confiance à l'équipage en place, ils avaient voulu avoir l'avis du RobHolland. Une conférence avait été organisée :


- "Commandant RobHolland, Vous nous avez dit "Vive l'hélium pour tous" et "élevons-nous dans les hauteurs", qu'est-ce que cela signifie ?

- Ah non je n'ai pas dit ça : Je n'ai pas dit ça ! je n'ai pas dit ça ..."  le Robholland se mit à bégayer.... M. Yamamoto, qui détecta immédiatement un bug du programme E.N.A. donna un violent coup de pieds dans le RobHolland, qui s'arrêta net. Le RobHolland reprit :
- J'ai dit "vers les hauteurs", pas "dans les hauteurs" ne déformez pas mes propos.
- Mais qu'avez-vous voulu nous dire ?
- Eh bien ... c'est simple. Au-dessus de nos têtes, il y a de l'hélium. Cet hélium est trop inutilisé. Il faut l'injecter dans les moteurs pour leur donner de la puissance. Ainsi le ballon s'élèvera vers les hauteurs.
... Il y eut une certaine stupeur dans la salle. Mais aussitôt, Jean-François un barman ancien G.O. du ClubMed, alias "J.F.K." se précipita :
- C'est extraordinaire ! Quel style ! Quelle vision ! Quel talent ! Quel génie ! Il est vraiment phénoménal, il est vraiment phénoménal ! Allez on chante on chante !...
Mais le G.O. avait bien du mal, les passagers n'avaient pas tout à fait l'entrain..... Tout à coup, un message tomba en provenance du Titanic, Le RobHolland y était invité avec le Commandant Cameron, et la colonnelle Merkel. Cameron, ajusta son slip panthère, qui était le seul vêtement qui lui restât. Merkel mis son bel uniforme et ses andouillettes AAA en sûreté. RobHolland était déjà prêt, puisqu'il avait des vêtements fournis d'origine en sortie d'usine.....

Pendant ce temps, sur le Titanic, la fête battait son plein. On n'entendait plus parler des quatrièmes classes, qui avaient été verrouillées à fond de cale. Certains cuisiniers chinois avaient tenté fuir avec leurs canots faits à la main, mais la plupart préféraient encore vendre leur canots contre des billets du Magic Cabaret (cf. épisodes précédents), libellés en trillions de dollars. D'ailleurs, le Magic Cabaret était aussi surnommé le Magic Casino. L'amiral Obama y passait tous ses après midi avec le Commandant Bernanke, le directeur, qui était un élément clé du bien être des passagers les plus fortunés du Titanic.


Le jour de l'arrivée de la délégation du Hindenburg, il y avait un menu spécial : de la fesse de bouc en bourse-ouflade. C'était un plat cuisiné par un chef qui travaillait avec Goldman et Sachs en cuisine, du nom de Jean-Paul Morgan. En voici la recette :


Fesse de bouc en bourse-ouflade :
- 100 milliards de dollars en billets fraichement imprimés
- 2 grammes de fesse de bouc puant, pour le goût,
- 200 hectolitres d'hélium
- passage à l'extrudeuse par Jean-Paul Morgan lui-même.
Servir immédiatement, ne garder aucun reste.

On avait mis cela au menu, parce que ça changerait du sempiternel "Magic Sandwich" de Goldman et Sachs.


On se mit à table. L'amiral Obama, qui était toujours jovial, rompit le silence :

- "Hey my friend what's your name ? NewHolland ? By the way, Holland is a cheese, right ? (se tournant vers le lieutenant Geithner)  Hey, is that the French Robot ?
- Yes, Admiral.
- Maille neille-me ... is ... RobHolland, dit RobHolland.
Ok RobHolland ! Come on ! Let's have a drink.... Hey let's take a picture Hey RobHolland, my friend ! I like what you say, I like you, you're great
(se tournant vers les autres ...) Yeah ! he's my friend !! let's take a picture !




On prit une photo de RobHolland avec Obama. Mais monsieur Yamamoto, qui surveillait son robot comme un véritable chaperon, fut gêné car quand RobHolland bougeait, on voyait que ses habits n'étaient pas si bien ajusté que cela. Ce que les gens de ne savaient pas, c'est que RobHolland ne savait pas s'habiller tout seul, car cette capacité ne faisait pas partie du module E.N.A. Et puis, M. Yamamoto ne voulait pas non plus qu'on examine de trop près son RobHolland, car contrairement à ce que certains pensaient, il n'était pas du dernier cri. C'était un modèle plutôt ancien. Les nouveaux modèles de robot de chez Sony étaient encore beaucoup trop chers et leurs capacités étaient nettement en-dessous des attentes de la clientèle.
 

samedi 19 mai 2012

Le Crash des Titans - Episode 9 (samedi 19 mai 2012).

Un vent d'automne avait soufflé très fort et poussé le Titanic et le Hindenburg vers des régions froides et tourmentées. Heureusement Super Mario, le nouveau commodore préposé à l'hélium sur le Hindenburg avait pris les choses en main, conformément aux instruction du vieux commodore en retraite Trichet.

Il avait organisé une opération massive d'injection de mille milliards de litres d'hélium dans les moteurs, car le Hindenburg avait perdu beaucoup trop d'altitude. Certains passagers avaient critiqué cette méthode comme dangereuse, mais la plupart avaient applaudi, car super-Mario avait rassuré tout le monde en arrimant le dirigeable au Titanic grâce à une liaison « SWAP ». La liaison SWAP consistait en un tuyau très gros qui reliait le dirigeable au navire, et dans lequel pouvait circuler aussi bien de l'hélium que des gaz de billets de banques brûlés, ou n'importe quel autre gaz ou liquide inflammable. Le tout était suffisamment étanche.

Mais l'ambiance n'était pas rose pour autant. Et Il y avait eu du changement. Le commandant Sarkozy avait été mis à pied définitivement pour mauvais comportement. Il avait proféré trop de grossièretés, et cela avait été jugé indigne de sa fonction. Le commendatore Berlusconi s'était fait lui aussi licencié pour attentat à la pudeur. Le quartier-maître Papandréou était toujours dans le coma, alors que le docteur Barroso et son équipe continuaient de lui administrer des saignées et des lavements. Après tous ces événements, la colonelle Merkel, s'était sentie bien seule, même si, heureusement, elle avait toujours dans sa cabine un bon stock d'andouillettes AAA et une bonne bouteille de schnaps pour se consoler.

Il fallut trouver des remplaçants à Berlusconi et Sarkozy. Mais il n'était pas facile de trouver du personnel formé en plein vol. On avait donc dû faire appel aux nouvelles technologies. Ainsi, au lieu de proposer le poste de Berlusconi à super Mario qui avait trop à faire avec l'hélium, on eut recours à un clone sur le même modèle, Mario II, qui semblait aussi performant que l'original.

Pour remplacer le commandant Sarkozy, c'était plus difficile. Que faire ? Les passagers ne voulaient plus de quelqu'un d'aussi vulgaire, méprisant et agité que Sarkozy. Mais qui pouvait faire l'affaire ? C'est alors que M. Yamamoto, un représentant de la firme Sony et passager sur le Hindenburg se présenta avec le dernier cri de leurs recherches en robots humanoïdes : le Rob'Holland. M. Yamamoto n'eut pas de mal à en faire la démonstration car, étant en voyage d'affaires, il en avait un modèle prototype dans sa cabine.

Rob'Holland était l'équivalent de RoboCop mais en version politicien. Ce modèle se voulait être le modèle phare de la gamme « homme politique européen ». Un grand soin avait été apporté à sa conception, notamment sur le plan du vocabulaire, qui excluait tout recours à la grossièreté ou à la vulgarité. Et il était doté d'un logiciel super-puissant E.N.A. (Enabled, Not Able). Cependant, il présentait certains défaut des prototypes :
- « Il est un peu gros, disaient certains
- Hi, hi ! …. Bien sûr c'est à cause des moteurs de levage de bras, nous pouvons corriger cela ...nous avons des moteurs plus petits, avait répliqué M. Yamamoto...
- Sa diction est saccadée ! remarquaient d'autres.
- Hi, hi ! Pas de problème, je vais faire un upgrade du programme E.N.A. dès ce soir.... »

Le lendemain, les passagers et l'équipage furent impressionnés du résultat. L'encombrement des lève-bras avait été réduit et la diction était plus fluide. M. Yamamoto avait même réussi à donner un peu de vie au regard du Rob'Holland, ainsi qu'un léger sourire qui inspirait confiance. L'idée qu'on remplaçât ce cuistre de Sarkozy par un robot, qui serait plus fiable, moins bruyant et moins vulgaire, et par nature plus honnête voire totalement désintéressé, remporta l'adhésion de tous. M. Yamamoto encaissa un beau chèque, avec option sur d'autres modèles du même type si celui-là s'avérait satisfaisant à l'usage.

Tout le monde n'était cependant pas ravi. Il y avait deux sous-officiers au caractères trempés, qui passaient leur temps à critiquer toutes les décision qui étaient prises : l'adjudant Mélenchon et la second-maître Le Pen. Cette dernière se faisait appeler « Le Pen de la Marine », ou « Marine » car elle avait fait ses classes dans la marine autrichienne. Ces deux-là passaient leur temps à se chamailler, mais on ne savait pas trop si c'était sincère ou s'il s'agissait d'un numéro de cirque. En tous cas, les passagers se délectaient de leurs empoignades.

On plaça le Rob'Holland à la manette française, celle qui actionnait le moteur français. Les passagers eurent l'autorisation de venir l'admirer. On lui avait mis un costume de pilote, et l'illusion était totale !.... Il levait le bras droit et tournait la barre à gauche de l'autre bras, puis revenait au centre, le tout avec un léger sourire. C'était étonnant.... Mais, tout à coup, il ouvrit la bouche et dit d'un ton monocorde : « Aux chiottes, …. la colonelle, et vive …. l'hélium gratuit … pour le bien-être de tous …. et …. l'élévation vers les hauteurs ».

Ce fut la surprise générale. Et pour M. Yamamoto, ce fut la stupéfaction, car il s'agissait selon lui certainement d'un bug du programme E.N.A, cette phrase ne correspondant à rien de ce qui pouvait avoir été mis en mémoire. Mais avant qu'il pût formuler la moindre explication, on entendit une ovation dans les rangs des passagers : « Hourrah ! Vive Rob'Holland , au chiottes la colonelle et vive l'hélium pour tous !!».

Quelques jours plus tard, la phrase de Rob'Holland avait fait le tour de l'équipage et des passager. Tout le monde se demandait ce qu'elle pouvait bien signifier ... Personne ne savait trop, mais cela sonnait bien et cela donnait de l'espoir. Dans « Au chiotte la colonelle » ceux qui n'aimaient pas la colonelle Merkel pouvaient se retrouver. « L'Hélium gratuit pour tous », cela résonnait bien aussi... quant à « l'élévation vers les hauteurs », cette phrase avait retenu l'attention de tous les navigateurs en plein questionnement sur les directions à suivre, ainsi qu'un certain nombre de passagers :
- « Pourquoi a-t-il dit cela ?
- Je ne sais pas, mais si vous voulez mon avis, c'est le fruit d'un calcul très complexe de Rob'Holland . Il ne peut pas avoir dit ça par erreur. C'est de la bonne came, Rob'Holland, c'est du « made in Japan. », et puis il a le programme E.N.A.
- Oui, c'est sûr, vous avez raison, je crois que ce qu'il veut faire, c'est nous indiquer le chemin pour reprendre de l'altitude.
Tout l'équipage se réunit alors pour étudier la phrase de Rob'Holland. Après plusieurs heures, ils firent une déclaration :

« Mesdames, messieurs. La phrase de Rob'Holland, pardon, du « commandant Rob'Holland » (s'il-vous-plaît …) nous interpelle tous. C'est le fruit d'un cerveau électronique d'une technologie très avancée. Aussi, avant de savoir quel en est le sens profond, nous vous proposons de la mettre en musique sur l'air de « La Madelon vient nous servir à boire » et ce soir, nous chanterons tous ce refrain, que nous aimerions adopter comme hymne sur le Hindenburg :

(Sur l'air de « La Madelon ...»)
« Qu'elle aille aux chiottes, aux chiottes, la colonelle !
Oui à l'Helium, et non à ses andouilles !
El'vons-nous jusque dans les hauteurs !
El'vons-nous, el'vons-nous, el'vons-nous! »

Pendant que tout le monde chantait, on pouvait admirer le tout dernier sourire (V3.15) apparaître sur le visage de Rob'Holland alors que ce dernier tenait fermement la barre les yeux fixés vers l'horizon. Ce jour-là, M. Yamamoto avait installé la version la plus aboutie du logiciel : dans le fond de l'oeil du Rob'Holland, on pouvait lire : « Rob'Holland V51.6 – Copyright Sony Corporation ». Et on sentait chez certains planer l'espoir que tout puisse un jour s'arranger, et chez d'autres une inquiétude diffuse qu'on ait mis un robot aux manettes qui, même s'il avait l'air intelligent, disait des choses bizarres.