mercredi 3 octobre 2012

Jim Sinclair : "Quantitative Easing à l'infini" - La partie finale.

Ou : Pourquoi le "Quantitative Easing" ne vise qu'à renflouer le système financier, et tend vers la destruction du dollar par l'hyperinflation.

Traduit de :
http://www.jsmineset.com/2012/09/25/review-qe3-to-infinitythe-final-end-game/


Chers amis,

Voici une revue qui, j'espère, permettra de contrebalancer la niaiserie des mass-medias qui véhiculent l'idée que le Quantitative Easing ne sert à rien.

Les espoirs de ceux qui croient que la déflation peut écraser le « Quantative Easing à l'infini » ne sont que pure folie répandue par des crétins de stature internationale.

La fin de partie du "Quantitative Easing 3", un QE à l'infini (avec un mois de répit de-ci de-là) sonnera lorsque le bilan de la Réserve Fédérale ne sera plus viable et que l'effet terminal sur le dollar sera avéré.

Passons en revue ce qui s'est passé et ce qui va se passer à partir de maintenant :
  1. Les émetteurs et les distributeurs de produits dérivés OTC (« Other The Counter », c'est-à-dire hors marchés de bourse) ont vendu du papier frauduleux à quasiment tous les opérateurs clients du système financier occidental. Intrinsèquement, les émetteurs et les distributeurs tenaient un livre de leurs transactions sur ces produits. Il n'y avait pas de problème tant que cette arnaque des produits dérivés restait une chaîne en « guirlande », c'est-à-dire un ensemble de transactions connectées dont la somme totale était égale à zéro. Disons qu'en face d'un produit dérivé perdant on pouvait mettre un produit dérivé gagnant (exemple type : un « call » jouant la hausse d'une valeur, face à un « put » jouant la baisse de cette valeur...)
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Ajout du traducteur (définition des produits dérivés sur Wikipedia) : un produit dérivé ou contrat dérivé ou encore derivative product est un instrument financier (IFRS 39) :
  • dont la valeur fluctue en fonction de l'évolution du taux ou du prix d'un produit appelé sous-jacent ;
  • qui ne requiert aucun placement net initial ou peu significatif ;
  • dont le règlement s'effectue à une date future.
Il s'agit d'un contrat entre deux parties, un acheteur et un vendeur, qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d'un actif sous-jacent, réel ou théorique, généralement financier.
Les transactions sur les produits dérivés sont en forte croissance depuis le début des années 1980 et représentent désormais l'essentiel de l'activité des marchés financiers. En 2004, l'ISDA a relevé une croissance annuelle de 29 % pour les dérivés sur produits de taux d'intérêt et de 21 % pour les dérivés sur actions et indices d'actions. Fin juin 2011, la valeur notionnelle des contrats de dérivés de gré à gré (over the counter – OTC) en cours était de 708 000 milliards de dollars1. Fin du rappel.
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  1. Jusqu'à la faillite de la banque Lehman Brothers (en 2008), l'ensemble des produits dérivés auraient pu être ramenés à zéro dans une banque de « résurrection des dérivés ». Les perdants se seraient réjouis d'effacer leurs pertes, et les gagnants auraient été furieux de ne pas toucher leurs gains. Mais la faillite de la Lehman Brothers a cassé cette guirlande des produits dérivés (une chaîne où le risque net était nul). Au moment de la faillite, certaines positions affichaient des gains colossaux, d'autres des pertes colossales. C'était bien trop pour le système financier. Il n'y avait alors aucune solution pratique autre que de transférer les produits affichant des pertes vers la réserve Fédérale, qui présentait l'avantage qu'aucun audit extérieur d'évaluation à la valeur de marché (« mark to market ») ne serait effectué. C'était le trou parfait pour y envoyer toute cette camelote...
  2. D'après la Banque des Règlements Internationaux (Bank of International Settlements), qui tient l'inventaire officiel des produits dérivés, le montant de ces derniers portaient alors sur un encours global de 1140 trillions de dollars (oui, vous avez bien lu !!! Il s'agit donc de 1140 mille milliards, ou encore 1140.000 milliards, autrement dit environ mille fois le PIB de l'Espagne ….).
  3. La B.R.I., voyant ce nombre avec horreur, a alors changé sa méthode de calcul des prix à maturité en prenant l'hypothèse qu'il n'y aurait aucun défaut ce qui a permis de réduire le montant total de l'ensemble des produits dérivés de toutes sortes à 700 trillions, nombre qui semblait plus « acceptable ».
  4. Lors du QE1 et QE2, la réserve fédérale a acheté des produits dérivés OTC, incluant les fameux « Mortgage Back Securities » toxiques pour les retirer au maximum des bilans du système financier occidental. Les bilans s'en sont trouvés « assainis » et on a évité une faillite systémique de l'économie mondiale. Cela veut dire que la réserve fédérale a contaminé son propre bilan pour pour réparer les bilans du système bancaire. Le montant acheté était important mais est resté modeste en regard des 1000 trillions dont nous parlons plus haut.
  5. La raison du QE3 (décidé ce mois de septembre 2012 ...QE à l'infini....), c'est la récession mondiale dans le monde occidental qui empêche de réparer les bilans du système financier. La crise larvée réside dans la faiblesse dissimulée du système financier pour lequel l'organe de régulation comptable (le FASB) a autorisé, au niveau international, les institutions financières à cacher leurs pertes en évaluant tous ces produits toxiques de la façon qui leur convient, et surtout sans référence à une valeur de marché, en premier lieu parce qu'il n'y a pas de valeur de marché....
  6. La crise que la Fed ne voit pas, c'est la réalité de son propre bilan, qui contient des trillions d'actifs douteux, que personne ne sait évaluer. Des chiffres sont donnés, mais aucune valorisation de marché n'a été faite et ne sera faite.
  7. Au fur et à mesure que le QE3 à l'infini, la Fed continue d'acquérir des actifs douteux en échange de dollars frais. Ainsi, la « camelote » entre au bilan de la Fed, et même temps des dollars sont émis de façon exponentielle. (N.d.T. : la BCE se comporte de manière identique, quand elle rachète les dettes des pays d'Europe, Grèce, Espagne, … etc. contre des euros frais).
  8. Or la fin de la partie va sonner, car la récession s'étendra a priori jusqu'à 2015-2017, avec en même temps de l'impression des dollars, une dette fédérale qui augmente, et le bilan de la Fed continue de se détériorer.

Par conséquent la fin de la partie, c'est la prise de conscience de la faiblesse du prêteur en dernier ressort qu'est la Fed, prise de conscience qui impactera la confiance dans la dollar et fera monter les taux d'intérêts.

Dorénavant, je ferai des articles succincts sur l'impact d'une banque centrale en faillite, la Réserve F
édérale US. La fin de la partie pourrait arriver plus tôt, mais seulement si un audit du bilan de la Fed est effectué, ce qui reste très peu probable, quel que soit le président élu en Novembre.

N.d.T : Cette analyse est tout à fait transposable aux cas des autres banques centrales. Pour la zone euro, remplacez « Fed » par « BCE » et « produits dérivés » par « dettes souveraines ».









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