Episode précédent : Sur le
Titanic, ça commençait à sentir le roussi. Le « Magic
Cabaret », animé par Magic Bernanke avec ses vraies-fausses
apparitions de billets de banque commençaient à lasser le public.
Certains gros bonnets de première classe qui avaient compris que
quelque chose n'allait pas étaient sortis sur le pont pour négocier
des canots de sauvetages avec les cuisiniers chinois. La rumeur
courait qu'un terroriste grec nommé Papandreou était sur le navire,
rumeur peu crédible, puisque le dénommé Papandréou (qui existait
vraiment) était un quartier-maître du Hindenburg, atteint par la
peste bubonique et dans un état comateux. Sur le Hindenburg, les
passagers prenaient peu à peu conscience de la situation, mais
l'équipage s'était retranché dans ses quartiers et s'en était tenu à quelques mesures modestes de
délestage. Seul le commodore Trichet enseignait à son
successeur Mario Draghi «le carabinieri» une solution
finale qui consisterait à envoyer directement de l'hélium du ballon
dans les moteurs....
Sur le Hindenburg, la musique s'était
arrêtée. Les passagers étaient pris d'angoisse. On leur avait
d'abord dit que tout allait bien. Que la vitesse était de trente
nœuds et l'altitude de trois mille pieds. Mais ils trouvaient cela
curieux, car ils pouvaient distinguer les poissons volants à la
surface de la mer. D'autre part, on était toujours à la même
distance du Titanic, or celui-ci faisait du sur place. Non …
tout cela était bizarre... en réalité beaucoup soupçonnaient que
les instruments de mesure ne devaient pas être très fiables.
Et puis il y avait autre chose. On
s'était aperçu que la peste bubonique qui avait atteint le
quartier-maître Papandreou était en réalité une autre maladie.
Des médecins avaient un autre diagnostic que celui de l'équipage.
Pour eux, ce n'était pas la peste, mais un virus connu depuis la
nuit des temps : le « debita cancera systemicus »
ou plus simplement « debita systemicus ». Le
debita cancera systemicus était connu depuis l'antiquité. Il
y a avait deux méthodes pour s'en débarrasser. La première
consistait à suivre un régime draconien pendant dix ans.
L'amaigrissement radical qui s'en suivait avait un effet
thérapeutique tout aussi radical. Mais c'était trop long et trop
pénible et pouvait tout de même entraîner la mort. L'autre méthode
consistait à consommer régulièrement des denrées infectées par
le debita systemicus. Un vaccin permanent en quelque
sorte. Cela permettait de supprimer les symptômes de la maladie,
mais pas vraiment de l'éradiquer. Et puis, il y a avait un gros
problème : pour que le traitement soit efficace, il fallait
indéfiniment augmenter les doses. Bref, il était toujours très
difficile de se sortir d'une debita systemica aiguë.
Il y avait plusieurs formes au debita
systemicus, le debita systemicus privatum et le debita
systemicus publicum. Ces deux formes pouvaient se reproduire
entre elles, ce qui les rendaient encore plus virulentes. Mais un
autre problème était que le virus ne s'attaquait pas seulement aux
personnes, mais aussi aux objets. Une fois que les êtres vivants
étaient infectés, il s'attaquait aux matériaux durs pour se
développer, notamment le fer. Le symptôme était alors
identique à la rouille.
On était en train de s'apercevoir qu'à
bord du Hindenburg, la rouille avait atteint l'armature même de la
cabine, voire de l'ensemble du dirigeable. Et ce n'était pas de la
rouille, mais bel et bien le debita systemicus. On avait
l'habitude de dire : « Bof … c'est normal que ça
rouille c'est du fer ». Mais au fur et à mesure, le debita
systemicus avait fait un grand trou au milieu de la cabine. Cela
s'était fait progressivement, de sorte que l'équipage n'y faisait
plus attention. On avait fait installer des cordons pour que les gens
ne tombent pas, et on avait dit aux passagers que c'était un balcon
intérieur pour prendre l'air. Mais les passagers avait toujours trouvé
bizarre qu'on fût en permanence en train d'agrandir un balcon
intérieur.
Un jour, L'équipage s'était inquiété
de savoir si cela pouvait atteindre la structure même de la cabine
et mettre en danger les passagers. Alors, après une série de
« stress tests » consistant à tapoter sur les parties
métalliques avec des petits marteaux et un stéthoscope de fortune,
on avait fini par mettre en place un « mécanisme de stabilité
auto-porteur par fond inverse à liquidité spéciale. ». Les
passagers n'y comprenaient rien mais ça avait l'air très rassurant.
Mais un jour, un enfant s'était approché du bord et avait dit
« Oh ! Regarde, papa, il y un grand trou au milieu de la
cabine !!... ». « - Tais-toi, ne dis pas de bêtise
mon garçon !... Ce n'est pas un trou, c'est un balcon ».
avait répondu son père.
Sur le Titanic, un vent de panique
avait soufflé, causé par la rumeur d'un prétendu terroriste grec dans le
comma, mais le soufflé était vite retombé car personne n'y avait vraiment cru. Le Titanic était un
vaisseau immense et étonnant où se côtoyaient des gens de tous
horizons et de tous milieux. A l'étage supérieur il y avait les passagers de première
classe, qui allaient au « Magic cabaret », et à fond de cale les
passagers de douzième classe, qui étaient enfermés dans leurs
quartiers, au cas où il y aurait des histoires.
Il y avait en première classe un
casino géant. Le gens y gagnaient et y perdaient de grosses sommes.
A ceux qui avaient perdu, on proposait un crédit à 0% pour se
refaire. S'ils perdaient à nouveau, on leur donnait de nouveaux
jetons, qui étaient censés avoir la même valeur que de l'argent.
Cela s'appelait le «Quantitative easing». Du coup, le
casino était très fréquenté, puisqu'on était toujours sûr de
gagner, ou du moins de ne jamais vraiment perdre. Et quand il n'y
avait plus de jetons, on en fabriquait avec du papier toilette,
papier toilette qui pouvait aussi être utilisé pour la confection
du «Magic Sandwich» des chefs Goldman et Sachs.
En d'autres endroits l'atmosphère
était à la ferveur. Des petits groupes chantaient des cantiques,
notamment le très célèbre «Je crois en Toi mon Dieu, je
crois en Toi». Et puis il y avait aussi les cuisiniers chinois
qui se fabriquaient des canots de sauvetage. Les passagers de
première faisaient de bonnes affaires avec eux, puisqu'il leur
donnaient des millions sous forme de jetons de casino en échange de
leurs canot.
- « Ils sont épatants ces cuisiniers, disait l'un d'eux. Ils sont très travailleurs. Je trouve qu'on a tort de s'inquiéter de la situation, car je suis convaincu qu'ils vont nous sauver
- Ah ?! Mais comment donc ?
- Mais cher ami, c'est très simple. Si le bateau coule, nous leur demanderons de fixer leur canots de sauvetage autour du bateau. Ils nous serviront de flotteurs et ainsi nous ne coulerons pas. Et puis si cela ne suffit pas, nous leur demanderons de ramer pour faire avancer le navire. Ils sont nombreux et forts comme des turcs. Ils mangent du riz, eux, pas du magic sandwich infesté au debita systemicus ! Ah, ah, ah !
- Oui, et puis ils ne peuvent pas nous laisser tomber, ils ont besoin de nous et de nos jetons de casino...
- Oui c'est certain. »
- « Ils sont épatants ces cuisiniers, disait l'un d'eux. Ils sont très travailleurs. Je trouve qu'on a tort de s'inquiéter de la situation, car je suis convaincu qu'ils vont nous sauver
- Ah ?! Mais comment donc ?
- Mais cher ami, c'est très simple. Si le bateau coule, nous leur demanderons de fixer leur canots de sauvetage autour du bateau. Ils nous serviront de flotteurs et ainsi nous ne coulerons pas. Et puis si cela ne suffit pas, nous leur demanderons de ramer pour faire avancer le navire. Ils sont nombreux et forts comme des turcs. Ils mangent du riz, eux, pas du magic sandwich infesté au debita systemicus ! Ah, ah, ah !
- Oui, et puis ils ne peuvent pas nous laisser tomber, ils ont besoin de nous et de nos jetons de casino...
- Oui c'est certain. »
Et pourtant quelque chose n'allait pas.
D'abord, contrairement à cette idée pourtant répandue, les cuisiniers
chinois mangaient aussi du magic sandwich. Certes la recette était
différente, puisque l'andouillette A+ était remplacée par de la
cervelle de singe fermentée. Cela s'appelait d'ailleurs le «magic
dim-sung» Mais la recette de base était identique et tout
aussi toxique. Et puis les magics dim-sungs étaient aussi
souvent infectés que les magic sandwiches par le virus du debita
systemicus....
Tout à coup, on entendit des cris
venant des étages du dessous, où logeaient les passagers de
douzième classe. Ces derniers avaient forcé les grilles, étaient montés à l'étage supérieur et s'étaient
rués dans le grand salon. «Occupons le grand salon !!»
disaient-il. «A mort le Magic cabaret ! A mort Magic Bernanke !» criaient-ils. «A bas les milliardaires ! Aux chiottes
l'Amiral Obama !» hurlaient-ils. Les choses allaient-elles
encore se gâter ?...
Vous le saurez en lisant le prochain
épisode du «Crash des Titans».
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