Un vent d'automne avait soufflé très
fort et poussé le Titanic et le Hindenburg vers des régions froides
et tourmentées. Heureusement Super Mario, le nouveau commodore
préposé à l'hélium sur le Hindenburg avait pris les choses en
main, conformément aux instruction du vieux commodore en retraite
Trichet.
Il avait organisé une opération
massive d'injection de mille milliards de litres d'hélium dans les
moteurs, car le Hindenburg avait perdu beaucoup trop d'altitude.
Certains passagers avaient critiqué cette méthode comme dangereuse, mais la plupart avaient applaudi, car super-Mario
avait rassuré tout le monde en arrimant le dirigeable au Titanic
grâce à une liaison « SWAP ». La liaison SWAP
consistait en un tuyau très gros qui reliait le dirigeable au
navire, et dans lequel pouvait circuler aussi bien de l'hélium que
des gaz de billets de banques brûlés, ou n'importe quel autre gaz
ou liquide inflammable. Le tout était suffisamment étanche.
Mais l'ambiance n'était pas rose pour
autant. Et Il y avait eu du changement. Le commandant Sarkozy avait
été mis à pied définitivement pour mauvais comportement. Il avait
proféré trop de grossièretés, et cela avait été jugé indigne
de sa fonction. Le commendatore Berlusconi s'était fait lui aussi
licencié pour attentat à la pudeur. Le quartier-maître Papandréou
était toujours dans le coma, alors que le docteur Barroso et son
équipe continuaient de lui administrer des saignées et des
lavements. Après tous ces événements, la colonelle Merkel, s'était
sentie bien seule, même si, heureusement, elle avait toujours dans
sa cabine un bon stock d'andouillettes AAA et une bonne bouteille de
schnaps pour se consoler.
Il fallut trouver des remplaçants à
Berlusconi et Sarkozy. Mais il n'était pas facile de trouver du
personnel formé en plein vol. On avait donc dû faire appel aux
nouvelles technologies. Ainsi, au lieu de proposer le poste de
Berlusconi à super Mario qui avait trop à faire avec l'hélium, on
eut recours à un clone sur le même modèle, Mario II, qui semblait
aussi performant que l'original.
Pour remplacer le commandant Sarkozy,
c'était plus difficile. Que faire ? Les passagers ne voulaient
plus de quelqu'un d'aussi vulgaire, méprisant et agité que Sarkozy.
Mais qui pouvait faire l'affaire ? C'est alors que M. Yamamoto,
un représentant de la firme Sony et passager sur le Hindenburg se
présenta avec le dernier cri de leurs recherches en robots
humanoïdes : le Rob'Holland. M. Yamamoto n'eut pas de mal à en
faire la démonstration car, étant en voyage d'affaires, il en
avait un modèle prototype dans sa cabine.
Rob'Holland était l'équivalent de
RoboCop mais en version politicien. Ce modèle se voulait être le
modèle phare de la gamme « homme politique européen ».
Un grand soin avait été apporté à sa conception, notamment sur le
plan du vocabulaire, qui excluait tout recours à la grossièreté ou
à la vulgarité. Et il était doté d'un logiciel super-puissant
E.N.A. (Enabled, Not Able). Cependant, il présentait certains défaut
des prototypes :
- « Il est un peu gros,
disaient certains
- Hi, hi ! …. Bien sûr c'est à cause des moteurs de levage de bras, nous pouvons corriger cela ...nous avons des moteurs plus petits, avait répliqué M. Yamamoto...
- Sa diction est saccadée ! remarquaient d'autres.
- Hi, hi ! Pas de problème, je vais faire un upgrade du programme E.N.A. dès ce soir.... »
Le lendemain, les passagers et l'équipage furent impressionnés du résultat. L'encombrement des lève-bras avait été réduit et la diction était plus fluide. M. Yamamoto avait même réussi à donner un peu de vie au regard du Rob'Holland, ainsi qu'un léger sourire qui inspirait confiance. L'idée qu'on remplaçât ce cuistre de Sarkozy par un robot, qui serait plus fiable, moins bruyant et moins vulgaire, et par nature plus honnête voire totalement désintéressé, remporta l'adhésion de tous. M. Yamamoto encaissa un beau chèque, avec option sur d'autres modèles du même type si celui-là s'avérait satisfaisant à l'usage.
- Hi, hi ! …. Bien sûr c'est à cause des moteurs de levage de bras, nous pouvons corriger cela ...nous avons des moteurs plus petits, avait répliqué M. Yamamoto...
- Sa diction est saccadée ! remarquaient d'autres.
- Hi, hi ! Pas de problème, je vais faire un upgrade du programme E.N.A. dès ce soir.... »
Le lendemain, les passagers et l'équipage furent impressionnés du résultat. L'encombrement des lève-bras avait été réduit et la diction était plus fluide. M. Yamamoto avait même réussi à donner un peu de vie au regard du Rob'Holland, ainsi qu'un léger sourire qui inspirait confiance. L'idée qu'on remplaçât ce cuistre de Sarkozy par un robot, qui serait plus fiable, moins bruyant et moins vulgaire, et par nature plus honnête voire totalement désintéressé, remporta l'adhésion de tous. M. Yamamoto encaissa un beau chèque, avec option sur d'autres modèles du même type si celui-là s'avérait satisfaisant à l'usage.
Tout le monde n'était cependant pas
ravi. Il y avait deux sous-officiers au caractères trempés, qui
passaient leur temps à critiquer toutes les décision qui étaient
prises : l'adjudant Mélenchon et la second-maître Le Pen.
Cette dernière se faisait appeler « Le Pen de la Marine »,
ou « Marine » car elle avait fait ses classes dans la
marine autrichienne. Ces deux-là passaient leur temps à se
chamailler, mais on ne savait pas trop si c'était sincère ou s'il
s'agissait d'un numéro de cirque. En tous cas, les passagers se
délectaient de leurs empoignades.
On plaça le Rob'Holland à la manette
française, celle qui actionnait le moteur français. Les passagers
eurent l'autorisation de venir l'admirer. On lui avait mis un costume
de pilote, et l'illusion était totale !.... Il levait le bras
droit et tournait la barre à gauche de l'autre bras, puis revenait
au centre, le tout avec un léger sourire. C'était étonnant....
Mais, tout à coup, il ouvrit la bouche et dit d'un ton monocorde :
« Aux chiottes, …. la colonelle, et vive …. l'hélium
gratuit … pour le bien-être de tous …. et …. l'élévation
vers les hauteurs ».
Ce fut la surprise générale. Et pour M. Yamamoto, ce fut la stupéfaction, car il s'agissait selon lui certainement d'un bug du programme E.N.A, cette phrase ne correspondant à rien de ce qui pouvait avoir été mis en mémoire. Mais avant qu'il pût formuler la moindre explication, on entendit une ovation dans les rangs des passagers : « Hourrah ! Vive Rob'Holland , au chiottes la colonelle et vive l'hélium pour tous !!».
Quelques jours plus tard, la phrase de
Rob'Holland avait fait le tour de l'équipage et des passager. Tout
le monde se demandait ce qu'elle pouvait bien signifier ... Personne
ne savait trop, mais cela sonnait bien et cela donnait de l'espoir.
Dans « Au chiotte la colonelle » ceux qui
n'aimaient pas la colonelle Merkel pouvaient se retrouver. « L'Hélium
gratuit pour tous », cela résonnait bien aussi... quant à
« l'élévation vers les hauteurs », cette
phrase avait retenu l'attention de tous les navigateurs en plein
questionnement sur les directions à suivre, ainsi qu'un certain
nombre de passagers :
- « Pourquoi
a-t-il dit cela ?
- Je ne sais pas, mais si vous voulez mon avis, c'est le fruit d'un calcul très complexe de Rob'Holland . Il ne peut pas avoir dit ça par erreur. C'est de la bonne came, Rob'Holland, c'est du « made in Japan. », et puis il a le programme E.N.A.
- Oui, c'est sûr, vous avez raison, je crois que ce qu'il veut faire, c'est nous indiquer le chemin pour reprendre de l'altitude.
- Je ne sais pas, mais si vous voulez mon avis, c'est le fruit d'un calcul très complexe de Rob'Holland . Il ne peut pas avoir dit ça par erreur. C'est de la bonne came, Rob'Holland, c'est du « made in Japan. », et puis il a le programme E.N.A.
- Oui, c'est sûr, vous avez raison, je crois que ce qu'il veut faire, c'est nous indiquer le chemin pour reprendre de l'altitude.
Tout
l'équipage se réunit alors pour étudier la phrase de Rob'Holland.
Après plusieurs heures, ils firent une déclaration :
« Mesdames,
messieurs. La phrase de Rob'Holland, pardon, du « commandant
Rob'Holland » (s'il-vous-plaît …) nous interpelle tous.
C'est le fruit d'un cerveau électronique d'une technologie très avancée. Aussi, avant de savoir quel en est le sens profond, nous
vous proposons de la mettre en musique sur l'air de « La Madelon
vient nous servir à boire » et ce soir, nous chanterons tous
ce refrain, que nous aimerions adopter comme hymne sur le
Hindenburg :
(Sur l'air de « La Madelon ...»)
« Qu'elle aille aux chiottes,
aux chiottes, la colonelle !
Oui à l'Helium, et non à ses
andouilles !
El'vons-nous jusque dans les
hauteurs !
El'vons-nous, el'vons-nous,
el'vons-nous! »
Pendant
que tout le monde chantait, on pouvait admirer le tout dernier sourire
(V3.15) apparaître sur le visage de Rob'Holland alors que ce dernier
tenait fermement la barre les yeux fixés vers l'horizon. Ce jour-là,
M. Yamamoto avait installé la version la plus aboutie du logiciel :
dans le fond de l'oeil du Rob'Holland, on pouvait lire :
« Rob'Holland V51.6 – Copyright Sony Corporation ». Et on sentait chez certains planer l'espoir que tout puisse un jour s'arranger, et chez d'autres une inquiétude diffuse qu'on ait mis un robot aux manettes qui, même s'il avait l'air intelligent, disait des choses bizarres.
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